Donner des défauts à ses personnages

Bonjour à tous,

Si vous suivez un peu mon blog, vous vous rendrez compte que je parle assez souvent de l’importance de bien développer ses personnages, et en particulier d’éviter les personnages stéréotypés ou dépourvus de défauts. Seulement, il n’est pas toujours facile de trouver des défauts intéressants à donner à ses personnages.

C’est un problème que j’ai souvent eu avec mes protagonistes. A vouloir créer un personnage attrayant j’ai tendance à me focaliser sur ses qualités, dans l’espoir de le rendre plus aimable. C’est une erreur car non seulement, les personnages imparfaits sont plus attachants, mais en plus ce sont les défauts du personnage qui façonnent son évolution tout au long de l’histoire.

Dans cet article, je voulais donc lancer des pistes de réflexions sur la manière dont on peut concevoir des personnages avec des défauts à la fois authentiques pour leurs personnalités et pertinents pour l’intrigue. Si vous avez d’autres idées, ou si vous n’êtes pas d’accord avec les miennes, n’hésitez pas à ouvrir le débat en commentaires.

1) Des défauts par excès de qualité

Avant de se lancer, il faudrait d’abord répondre à une question : c’est quoi au juste un défaut ? Une réponse très simple serait de dire qu’il s’agit d’un trait de caractère négatif. Seulement, on se rend bien compte que cette définition est subjective, un trait qui est positif dans certaines circonstances peut devenir négatif dans une situation différente.

Autrement dit, plutôt que considérer les qualités et les défauts de vos personnages comme des facettes séparées de sa personnalité, il vaut peut-être mieux les concevoir comme un tout. Les points forts de votre personnage peuvent aussi devenir ses faiblesses.

Pour donner un exemple, prenez le personnage de Ned Stark, dans Game of Thrones. Ned Stark se caractérise par son honnêteté, son sens du devoir et de la justice. Ce sont des traits positifs qui font de lui un seigneur respecté. Cependant, lorsqu’il se retrouve emmêlé dans un complot politique qui se joue à coups de mensonges, d’assassinats et de trahisons, ces mêmes qualités deviennent un sérieux handicap.

Toutes les qualités ont le potentiel de devenir des défauts en fonction des circonstances. La confiance en soi peut devenir de l’arrogance, la patience peut se transformer en inaction, la détermination peut glisser dans l’entêtement malsain, etc. De la même manière, des traits perçus comme des défauts peuvent aussi devenir des qualités. Un personnage très émotif aura une plus grande capacité à éprouver de l’empathie pour les autres, ou alors un personnage timide saura faire preuve de discrétion, par exemple.

 

2) Des défauts comme obstacles

La raison pour laquelle des défauts comme la maladresse ou la timidité ne fonctionnent pas la plupart du temps, (outre le fait qu’ils sont trop souvent utilisés) c’est parce qu’ils n’ont pas d’incidence réelle sur l’intrigue. Le plus souvent, on nous présente un héros (ou une héroïne) maladroit, qui trébuche un peu ou casse quelques objets au début de l’histoire, mais ensuite dès que les enjeux deviennent sérieux, ce défaut passe complètement à la trappe et ne devient plus jamais un problème.

Un exemple qui me fait bien rigoler est celui d’Esteban dans les Mystérieuses Cités d’Or. Au début, on nous le présente comme un garçon qui souffre d’une phobie du vide maladive, et sans aucune explication, il devient capable de faire voler le grand Condor comme un pilote d’élite, sans la moindre hésitation.

 

Pour éviter cet effet, il peut être intéressant de donner aux personnages des défauts qui s’opposent directement à leurs objectifs, par exemple, un personnage timide qui rêve de devenir célèbre. Cette technique est d’autant plus efficace si les lecteurs peuvent s’identifier à ce défaut, cela leur donnera envie de voir le personnage réussir grâce à sa persévérance.

Je trouve que le manga My Hero Academia y arrive très bien à travers le personnage de Midoriya Izuku. Dans un monde où la plupart des humains sont dotés d’un pouvoir, Midoriya rêve de devenir un superhéros à l’image de son idole All Might, alors que c’est un gringalet timide et pleurnichard (sans compter qu’il n’a même pas de pouvoirs). Cela crée un personnage auquel il est très difficile de ne pas s’attacher.

On peut aussi choisir d’adopter une stratégie inverse, en créant un personnage très compétent dans un domaine particulier, pour ensuite le confronter à une situation où cette compétence ne peut pas l’aider à résoudre ses problèmes. A cet égard, All Might est aussi un personnage intéressant, car même s’il est le numéro 1 des superhéros, il doit désormais apprendre à devenir un bon mentor, rôle dans lequel il n’a aucune expérience.

Dans tous les cas, cela permet de créer une dynamique où le personnage sera forcé à évoluer, que ce soit pour surmonter ses défauts ou pour apprendre à considérer ses faiblesses comme des forces.

 

3) Des défauts inattendus

Une dernière astuce consiste à donner à ses personnages des défauts surprenants qui sortent des sentiers battus. En matière de défauts, certains stéréotypes reviennent assez souvent : un personnage beau sera souvent superficiel et/ou idiot, (ou à l’inverse les intellos sont souvent des binoclards repoussants), un personnage costaud aura du mal à exprimer ses émotions, etc.

Ces stéréotypes ne sont pas forcément irréalistes, seulement, ils manquent d’originalité. Rien n’empêche d’imaginer des combinaisons un peu plus inattendues. Imaginez par exemple un type baraqué, capable de terrasser ses adversaire en un seul coup de poing, mais qui perd toute sa confiance en lui lorsqu’il doit parler à une fille. Ou encore une fille à la fois belle et intelligente mais qui a peur des responsabilités.

Toutes les combinaisons sont possibles, à la condition qu’elles paraissent authentiques. Il ne s’agit pas de donner des traits contradictoires à un personnage juste pour lui donner l’air cool, en oubliant d’en montrer l’impact sur le comportement de celui-ci.

Il serait possible par exemple d’écrire une histoire sur un assassin professionnel qui a la phobie du sang, à condition de montrer de façon crédible pourquoi il en est arrivé à exercer ce métier et comment il se débrouille malgré sa phobie. En revanche, on ne peut pas le faire poignarder joyeusement une victime dans une scène, puis s’évanouir dans un autre juste parce que sa grand-mère s’est écorché le petit doigt en préparant son diner. En bref, il faut être original mais pas incohérent.

 

Voilà donc mes réflexions pour donner des défauts intéressants à mes personnages. N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez en commentaires. Avez-vous d’autres astuces pour créer des personnages bien développés ?